Une cliente cherche une pièce parmi les cintres mis à disposition à la Fashion Charity Sale d'Antidote Magazine - Samuel Gut.

Le magazine Antidote organisait, en cette fin d’avril, une vente pour soutenir financièrement les actions de l'association de défense des personnes LGBTQ, OutRight International. Les fonds récoltés aideront la communauté queer ukrainienne, dont le pays est en proie à un conflit armé.

Interrogé, le rédacteur en chef d’Antidote, Maxime Retailleau, explique : “Des dons ont été faits à la Croix Rouge, à des assos plus connues, et ils sont toujours nécessaires, mais les problèmes spécifiques des personnes LGBTQIA+ ont tendance à être oubliés. Elles font pourtant souvent partie des plus vulnérables, encore plus dans ces situations-là.” Ce lien entre le magazine et la communauté queer “est dans son ADN” ; Antidote prend régulièrement position sur les questions d’inclusivité. “Il y a beaucoup de personnes LGBTQIA+ dont on se sent proche et qui aiment beaucoup le magazine, un lien naturel s’est fait. Quand on mène une action, même si on est également engagé sur d’autres sujets en parallèle, on a toujours ça en tête : « Comment aider ces gens ? »”.

Les invendus au service de l’humanitaire

Dans les locaux du Consulat, dans le 11e arrondissement de Paris, la vente réunit des invendus de grandes enseignes comme Louis Vuitton et Dries Van Noten, mais aussi des pièces de créateurs moins établis, comme les bijoux d’Alphonse Maitrepierre ou les vêtements de Gabriel Nouchi, Ludovic de Saint Sernin, et Neith Nyer. Les prix vont de 20 à 200 euros, semblables à ceux des ventes "friends and family”, où les réductions peuvent atteindre les -80%. Antidote, qui développe aussi ses propres vêtements, a disposé ses invendus parmi les articles exposés. Grâce à cet événement, des articles destinés à la destruction ont pu être acquis par des férus de mode à la recherche des perles rares. L'initiative encourage la consommation de seconde main, une des clés de la mode durable.

À l’ouverture, une queue s’est formée à l’entrée du Consulat. Une fois entrés, les visiteurs découvrent des accessoires sur leur droite (sacs Lanvin, chaussants Ultrapace R fluo de Gucci...), et le reste des produits exposés sur la moitié arrière du local. Ces derniers sont présentés de manière classique, grâce à des portants organisés en rangées, que parcourent les curieux. Un grand miroir adossé au mur et une cage d’escalier remplacent les cabines d’essayage. Maxime Retailleau se réjouit : “On a ouvert il y a une heure, ça marche super bien ! On arrive à lever beaucoup de fonds pour l’association.” L’événement aura réuni plus de 700 inscrits, qui ont bénéficié d’une demi-heure chacun pour explorer l’endroit et dénicher une pièce intéressante. 

“Entre brûler les pièces ou les revendre à quelqu’un…”

Ludovic, photographe pour des marques et des événements de mode, ne s’est pas déplacé pour rien. “Ce ne sont pas des pièces qu’on trouve partout, il y a de beaux détails, de belles couleurs. Même en termes de coupe, c’est original”, explique-t-il. Le jeune homme repartira avec une chemise Antidote à carreaux bleus et blancs et un jean rose Aalto. Pour lui, cette vente constitue une consommation idéale : “Je trouve ça bien, ça évite le gaspillage et la surconsommation. Ces pièces ne servent pas, donc [la vente] permet de produire moins et de contribuer à une bonne cause. Je n’achète pas beaucoup, soit en friperies, soit dans les ventes de ce style.”

À l’étage, deux bénévoles accueillent les acheteurs aux caisses. Lucas est venu aider en tant qu’ami de l’équipe d’Antidote. “Entre brûler les invendus ou les revendre à quelqu’un, je préfère encore les revendre !” L’idée n’est pas nouvelle, mais pour le jeune homme, personne n’avait encore fait ça pour les victimes du conflit ukrainien : “Je vois beaucoup de #StandWithUkraine partout sur Instagram, mais c’est coupé de la réalité. Qu’est-ce qui est fait réellement ? Dans la mode, il y a déjà beaucoup de « charity », mais là c’est un autre concept que les galas.”

En fin de journée, l’équipe d’Antidote remercie tous les bénévoles, employés et clients pour leur participation. Après une exposition caritative l’année dernière, cette seconde rencontre est un succès pour le magazine. Maxime Retailleau et son équipe échangent déjà en interne sur de prochains évènements tous les six mois ou tous les ans.

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